Argumentaire

Contexte

Depuis 2011, à l’initiative de deux équipes de recherche en Sciences de l’éducation :
Recifes (EA 4520 université d’Artois) et Crise-Ecole-Terrains sensibles (CREF -EA 1589 -université Paris Ouest Nanterre), se tient un séminaire (http://www.recherchespedagogiesdifferentes.net/) portant sur les recherches en éducation consacrées aux « écoles différentes », c’est-à-dire les enseignants, les classes et les établissements qui à tous les niveaux scolaires sont repérés dans le paysage éducatif comme alternatifs, expérimentaux et/ou se réclamant du courant des pédagogies nouvelles.

Ce séminaire vise à resserrer les liens entre les chercheurs travaillant dans ce domaine, quels que soient les statuts (chercheurs institutionnels, doctorants, praticienschercheurs…) et les appartenances disciplinaires, afin de confronter les problématiques, les méthodologies et les approches respectives. Il s’agit de dresser un état des lieux de la recherche dans ce domaine, d’initier un réseau de chercheurs, de favoriser la confrontation des problématiques, des méthodes et des approches et de soutenir la diffusion des travaux.


Programme 2018
Le prochain séminaire (juin 2018) portera sur « l’entrée» en « pédagogie différente » des enseignants, de la maternelle à l’université.


Les enseignants qui s’engagent dans des pratiques d’enseignement « différentes » sont très minoritaires en France. D’une part, les écoles alternatives et les équipes constituées de novateurs sont peu nombreuses ; d’autre part, enseigner «autrement» dans un établissement du tout-venant est un choix marginal. Néanmoins, le nombre d’enseignants qui déclarent exercer leur métier « autrement » augmente depuis une dizaine d’années, dans l’enseignement public et privé, et à tous les niveaux d’enseignement1, comme si un nombre croissant d’enseignants s’autorisaient à imaginer qu’il est possible de « faire autrement », en France et à l’étranger2.


D’où cette interrogation : qu’est-ce qui amène des enseignants à opérer ces choix qui semblent en rupture avec les habitus professionnels?


L’analyse des parcours des enseignants ayant choisi de travailler dans des classes ou des écoles différentes peut faire l’objet de multiples approches. Les communications proposées pourront s’inscrire dans l’un des axes proposés ci- dessous ou à leur croisement :


1. La formation professionnelle des enseignants
Les questions liées aux formations professionnelles des enseignants, qu’elles soient formelles et informelles, initiales et continues ou relevant de l’auto-formation, sont essentielles.

  • Du côté des formations pilotées par l’EN, que disent les enseignants exerçant dans des écoles différentes de leur formation initiale et continue ? Quelle connaissance les étudiants des ESPE ont-ils des pédagogies Freinet, Montessori, et des autres pédagogies nouvelles ? Les dispositifs pédagogiques des formateurs des ESPE s’inspirent-ils ou non de ces pédagogies ? Les offres de formation continue et leurs modalités sont-elles en mesure de compenser les lacunes éventuelles de la FI ?
  • Du côté des formations proposées par les mouvements pédagogiques : quels sont les enseignants fréquentant ces formations ? Quels sont les effets sur les pratiques ? Sont-elles en lien avec les écoles et pédagogies différentes
  • Qu’en est-il également des formations développées dans le monde de l’animation (CEMEA) ? Quel est leur impact sur les enseignants en ayant bénéficié, antérieurement à leur prise de fonction ?
  • La formation aux TICE ou par les TICE conduit-elle ou non les enseignants, et de quelle façon, vers des pratiques professionnelles alternatives? Il conviendrait aussi de s’interroger sur les approches auto-didactiques de ces pédagogies.
  • A l’université, qu’est-ce qui motive les enseignants à s’inscrire dans une formation à la pédagogie ? Comment intègrent-ils les apports des Sciences de l’éducation dont ils ne sont pas spécialistes ? Quels sont les effets de ces formations sur leurs pratiques ?


2. Analyse des trajectoires et des motivations
Que sait-on de l’identité professionnelle de ces enseignants? Que nous disent les recherches scientifiques sur les raisons, les influences, les parcours... qui les ont conduit à choisir d’enseigner « autrement » ? Des enseignants ayant renoncé à ces pédagogies peuvent aussi éclairer les démarches d’entrée et de maintien en pédagogies différentes.

Quelle est l’influence des collègues, des mouvements politiques et pédagogiques, des réseaux sociaux dans ces choix ? Que sait-on de leurs trajectoires sociales, professionnelles et personnelles ? Dans quelle mesure ces choix sont-ils, ou non, influencés par les politiques publiques et par les évolutions sociétales ?

L’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, en autorisant la diffusion de ces pédagogies au delà du cercle restreint où elles se cantonnaient auparavant, a-t-il joué un rôle dans « l’entrée » en pédagogie différente de
certains enseignants ?


Le développement d’un mouvement en faveur d’une éducation plus respectueuse des enfants (« parentalité bienveillante ») a-t-il conduit des enseignants, parents par ailleurs, à envisager autrement leur exercice professionnel ? La même question peut se poser concernant l’impact possible des mouvements citoyens qui incitent chacun à prendre des initiatives au niveau local, y compris dans le domaine scolaire.


Les études historiques et d’éducation comparée pourront aussi éclairer l’ensemble de ces questions en les mettant en perspective.

 

1 Marie-Anne Hugon et Marie-Laure Viaud (dir.). (2017). Le paysage institutionnel des écoles différentes:
Ouvrir, fermer, durer, essaimer...? Revue Spécificités n°10 : 2007/1.
2 Marie-Anne Hugon et Marie-Laure Viaud (dir.) (2017). Les écoles « différentes » en France et dans le
monde. Revue française d’éducation comparée : numéro 15, juin 2017.


Propositions de communications
Les propositions de communication sont attendues pour le 1er mai 2018 et doivent
être déposées sur ce site.

Ces propositions comporteront le nom du ou des auteurs, leurs affiliations institutionnelles, une adresse électronique ainsi qu’un résumé d’une page maximum présentant la problématique de la recherche (en cours ou terminée), les terrains d’investigation, les orientations méthodologiques et les résultats attendus ou obtenus.

Sont également bienvenues les propositions d’analyses de pratique des praticienschercheurs,
réfléchies et mise en perspectives.

Les communications retenues seront mises en ligne sur le site
https://www.recherchespedagogiesdifferentes.net/. Elles ne devront pas excéder 30 000 signes.

Une publication (ouvrage ou dossier ou dossier d’une revue scientifique) est envisagée, comme pour les précédentes journées.

Personnes connectées : 1